Du vendredi 31 janvier au dimanche 2 février, la Salle Wihr et ses environs accueilleront des expositions et reconstitutions historiques : photos, objets et documents d’époque, véhicules militaires anciens et scènes recréées permettront de revivre l’ambiance de 1945. Un espace interactif « tir » sera également proposé. Ces animations seront orchestrées par les associations ARCHIHW, THE LOST COMPANY et DIE WALKÜREN.
Le choix des groupes de reconstitution et des véhicules militaires d’époque qui seront présents aux événements a été effectué de manière rigoureuse et drastique, afin de présenter au public une image fidèle et réaliste des troupes ayant combattu à Horbourg et Wihr-en-Plaine, il y a 80 ans.
Les associations partenaires de l’événement présenteront des scénettes didactiques et vivantes, avec des démonstrations de matériels d’époque, tels que cuisine roulante, mise en batterie de mitrailleuse, pose de ligne téléphonique, évocation d’un poste médical avancé, etc.
L’accent sera également mis sur le destin des incorporés de force, hommes et femmes, un pan de l’Histoire encore trop méconnu, même en Alsace.
Les cérémonies commémoratives se dérouleront sur la Place du 1er Février :
Le vendredi 31 janvier à 9h30, une première cérémonie avec la participation des enfants des écoles permettra de sensibiliser les plus jeunes à l’importance de cet anniversaire.
Le samedi 1er février à 17h, une cérémonie officielle, ouverte à tous, rendra hommage aux héros de la Libération et au souvenir des événements de 1945.
Le vendredi 31 janvier à partir de 18h30, l’Afterwork de la Liberté donnera une tonalité conviviale et festive à ce week-end commémoratif. Le parking de la « Pflatsch » et de la Ludothèque sera le lieu idéal pour partager un moment chaleureux et informel en mémoire de ces jours historiques.
Le samedi soir, à partir de 19h30, plongez dans l’atmosphère festive des années 40 avec un « Concert d’antan ». Les Satin Doll Sisters animeront la Salle Horbourg (rue des Sports) lors d’un bal qui promet de faire revivre la musique et l’esprit de l’époque.
• Autres moments forts et symboliques du week-end :
Le passage du Convoi de la Libération, organisé par Colmar Agglomération, traversera la Grand’ Rue et la Route de Neuf-Brisach le samedi à 11h15.
Une messe œcuménique, prévue le dimanche 2 février à 10h en l’Église Notre Dame de l’Assomption, réunira tous les habitants autour de la mémoire partagée.
• Un devoir de mémoire partagé
Ces festivités, mêlant hommage solennel et moments conviviaux, invitent chacun à se souvenir de l’importance de cette date pour Horbourg-Wihr. Venez nombreux pour célébrer, échanger et transmettre ce précieux héritage aux générations futures.
La libération de Horbourg et Wihr-en-Plaine s’inscrit dans la phase finale de la réduction de la « Poche de Colmar ».
Nous sommes au soir du 29 janvier 1945 ; déjà deux mois que s’est formée la « Poche ».
Les troupes alliées ont repris l’offensive depuis une semaine, franchissant la Fecht à Ostheim, puis l’Ill au pont de la Maison Rouge, libérant les villages au nord du canal de Colmar, notamment Houssen et Holtzwihr.
Le canal constitue le prochain obstacle à franchir : ce sera l’opération « Krautbuster ».
Cette opération consiste en un vaste coup de faux, du nord vers le sud, visant à isoler la ville de Colmar de l’accès au Rhin et à l’Allemagne. Le carrefour des Quatre Vents, à Horbourg, est l’épicentre de cette opération. Son intérêt stratégique est évident : la perte de ce carrefour empêcherait les troupes allemandes de quitter la « Poche de Colmar » ou de recevoir des renforts venus d’Allemagne.
Aux alentours de 20h30, les Alliés déclenchent une vaste préparation d’artillerie : plus de 16 000 obus d’artillerie de tous calibres et 22 300 obus de DCA s’abattent sur les villages de Bischwihr, Muntzenheim et Fortschwihr, qui subissent d’importants dégâts. Les obus au phosphore incendient les fermes et les habitations.
Au même moment, les avant-gardes du 7ème Régiment d’infanterie américain débutent le franchissement du canal de Colmar sur des canots gonflables. Les soldats du 7ème Régiment sont surnommés les « Cotton Ballers ». Ce régiment appartient à la célèbre 3ème Division d’infanterie américaine : la « Rock of the Marne ».
Le 2ème bataillon est chargé de l’assaut sur Wihr-en-Plaine. Il franchit à son tour le canal vers 23h30 sur des passerelles de fortune en bois.
A minuit, l’infanterie est à pied d’œuvre, au sud du canal. Il faudra toutefois compter sans le soutien des chars, obligés d’attendre que le génie construise des ponts préfabriqués supportant leur poids.
Vers 1h30 du matin, les GI’s s’approchent de Wihr-en-Plaine, en longeant la route de Bischwihr, sur deux colonnes.
Il régnait un silence étrange, uniquement interrompu par le craquement des bottes des soldats sur la neige et le sifflement des obus américains qui passaient par-dessus leurs têtes. Plusieurs GI’s ont le sentiment de se jeter dans un piège.
En effet, les Allemands se dévoilent au dernier moment, alors que les premiers Américains atteignent les abords du village. Les pertes sont lourdes ; les survivants tentent de creuser des trous dans la terre gelée. La contre-attaque allemande se poursuit, appuyée par deux chasseurs de chars lourds Jagdpanther, et menace d’anéantir l’unité américaine. Plusieurs soldats américains meurent écrasés sous les chenilles de ces mastodontes de 45 tonnes. L’un des blindés allemands stoppe et l’équipage crie aux soldats américains de se rendre. Certains d’entre eux, traumatisés par les scènes qui précédent, émergent alors les bras levés, mais sont promptement abattus par les mitrailleuses allemandes. Les survivants rampent vers l’arrière, tentant de rejoindre leurs abris de fortune ; plusieurs d’entre eux tombent, fauchés par les tirs. Le soldat Joseph Bale parvient néanmoins à neutraliser l’un des Jagdpanther grâce à un tir magistral de bazooka (lance-roquette antichar).
Au matin du 30 janvier, les combats se poursuivent de plus belle dans Wihr-en-Plaine, transformé en champ de bataille, rue par rue, maison par maison, allant parfois jusqu’au corps-à-corps. Le second Jagdpanther est détruit par un tir de bazooka dans la Grand’Rue, non loin de l’église Saint-Michel.
Plus tard dans la journée, les ponts sont enfin installés sur le canal et le Combat Command 4 de de la 5ème Division Blindée française peut s’élancer, afin de soutenir les soldats américains et d’achever de libérer la localité.
31 janvier 1945. Après les rudes combats de la veille, le 2ème bataillon américain, soutenu par les éléments blindés du Combat Command 4, se porte vers son prochain objectif : les abords de Horbourg et notamment le carrefour des Quatre-Vents.
La bourgade est solidement tenue par les troupes allemandes, positionnées dans des trous de combat et des tranchées. Les chars alliés, suivis par les fantassins américains et les légionnaires du Régiment de Marche de la Légion Etrangère, se heurtent à une résistance acharnée des Allemands, qui n’hésitent pas à se retrancher dans les caves au milieu des civils, tirant par les soupiraux. Les légionnaires, juchés sur les chars, sont particulièrement exposés. Le légionnaire Simon-Paul Pallen est grièvement blessé par des éclats d’obus et sera amputé du bras gauche.
C’est à ce moment-là que se déroule le drame de l’abri bétonné des Quatre-Vents…
Des soldats allemands armés de Panzerfaust (lance-roquette antichar à usage unique) se réfugient dans l’abri, au milieu des civils, et parviennent à immobiliser l’un des chars alliés. Le char suivant riposte, envoyant plusieurs obus dans et autour de l’abri, dont l’un traverse le béton, tuant ou blessant plusieurs occupants. L’acte de courage de Germaine Husser sauve la vie de la quarantaine de civils qui se trouve encore dans l’abri : s’emparant d’une serviette blanche qu’elle accroche au bout d’un bâton, elle se rue hors de l’abri au mépris du danger, tenant une fillette dans ses bras, et fait de grands gestes en direction des libérateurs, leur intimant de cesser le feu. Sans son action, les blindés alliés auraient poursuivi leurs tirs jusqu’à la destruction totale de l’abri.
Au soir du 31 janvier, Horbourg se trouve partiellement libérée ; de nombreux prisonniers sont capturés.
Dans la nuit du 31 janvier au 1er février, la 75ème Division d’Infanterie américaine prend la relève de la 3ème Division d’Infanterie.
Dans la journée du 1er février, le 1er bataillon du 289e Régiment d’Infanterie procède au nettoyage final de Horbourg, progressant maison par maison. Des snipers allemands, embusqués dans le clocher de l’église protestante, sont délogés par des tirs de bazooka. L’explosion endommagea le clocher et fêla l’une des cloches. Dans l’après-midi, aux alentours de 15 heures, la localité est considérée comme totalement libérée.
C’est au prix de quarante-quatre victimes civiles que s’est effectuée la libération de Horbourg et de Wihr-en-Plaine. Plusieurs habitants, appelés sous les drapeaux en 1939, ont perdu la vie au cours de la campagne de France. D’autres encore furent incorporés de force dans l’armée allemande et reposent désormais dans les terres lointaines d’Europe de l’Est. Plusieurs libérateurs versèrent également leur sang au cours des terribles combats du 29 janvier au 1er février.